De la poésie de Rolande Quivron se dégagent une force incroyable, une violence bouleversante.
Cette poétesse belge utilise une justesse de ton qui nous laisse souvent pantois, avant de nous inviter à la réflexion.
Si vous pouvez vous le procurez (il est paru en 1983), je vous recommande particulièrement son recueil 'Intégrales', dont voici un extrait:
KALEIDOSCOPE
Tout est souci
Tout est pourri et avachi
Sur la terre.
Le monde traîne sa lourde peine
Plein de nos haines
Solitaire.
La ronde tourne et se détourne
Garde chiourme
De l'enfer.
Tout est promesse, tout est caresse
Tout est liesse
Au réveil.
Le monde heureux, harmonieux
S'ouvre joyeux
Au soleil.
La ronde folle, butine et vole
En farandole
Jusqu'au ciel.
La vieille dame de ma rue,
Toute bossue, toute menue,
Se sentant lasse et inutile
S'en est allée dans un asile.
Ses pauvres meubles sans tiroirs
On les a mis sur le trottoir!
Un homme laid et imbécile
Les a jetés sur une pile.
Ils finiront ainsi leur vie,
Dans des garnis, dans des taudis,
Sur un marché, parmi la foule
Coulée comblée dans un seul moule.
Elle est partie, un beau matin,
Son doux regard plein de chagrin,
Avec en main, pour tout bagage,
Un oiseau bleu dans une cage.
La vieille dame de ma rue,
Toute bossue, toute menue,
Se sentant lasse et inutile
S'en est allée dans un asile.
Pirschel Robert 29/02/2012 03:50