Critique de D'un Univers à l'autre dans le Journal des Poètes n°1-2022
Pascale Lora Schyns
D’un Univers à l’autre
Éditions l’Harmattan, 189 pages.
D’où nous viennent ces quatre longs poèmes en prose que Pascale Lora Schyns nous transmet comme un vaisseau transmet ses passagers ? Nous allons, dans ces quatre longs voyages, passer d’un univers à l’autre, et s’il est impossible de répondre à la première question : l’Univers a-t-il une fin ? Nous pouvons répondre à la suivante — avons-nous une fin ? — avec un « oui ! » si affirmatif qu’il vous glace le sang. Pourtant, l’auteure niera cette ultime défaite à travers l’antagonisme entre les personnages, ou plutôt les entités, de son livre : les Sublimateurs et les Créateurs. On ne peut s’empêcher de penser au poème d’Alexandre Kalda, le cantique de l’éternité, qui s’étalait aussi sur près de deux cents pages. Mais Kalda nous livrait son incantation il y a plus de quarante ans, époque où les menaces écologiques, religieuses et sociologiques existaient déjà mais n’apparaissaient que sous forme de projections. Les projections ont trouvé leur aboutissement ; nous sommes à présent confrontés à nos délires, notre autodestruction, nos appétits insensés. Il est bon dans un monde où foisonnent les ouvrages et émissions vidéo transmises qui traitent de collapsologie, effrayant néologisme, qu’un texte poétique nous remette l’esprit en place. Le temps n’existe peut-être pas, mais aussi longtemps qu’il fera partie de l’histoire de l’Univers, il sera difficile de lui échapper. De toute manière, avons-nous la possibilité d’échapper à nous-mêmes, à notre destin final, même si nous ne le connaissons pas ? Il n’y a pas de fin, lit-on comme dernier titre de chapitre, mais ce titre est aussi la fin du livre.
CARINO BUCCIARELLI