Les Survivants de Sallimoc à l'AEB
Le 17 novembre dernier, le premier roman de Pascale Lora Schyns, les Survivants de Sallimoc, a été présenté par Emile Kesteman lors de la Soirée des Lettres qui s’est tenue à la Maison des Ecrivains à Bruxelles- Ixelles.
La Maison des Ecrivains est le siège de l’Association des Ecrivains Belges de Langue Française, présidée par Jean-Pierre Dopagne.
Extraits du texte de présentation :
« … Quoi d’étonnant dès lors que Pascale Lora Schyns se soit intéressée à des civilisations préhistoriques. Elle tire profit de cette érudition aux larges horizons et elle parvient à enrober ses connaissances encyclopédiques dans un discours qui nous touche, nous émeut, et nous transcende. Les données objectives auxquelles l’auteure renvoie ne font jamais obstacle au charme qui se dégage de son récit.
… Il règne dans tout ce roman comme un parfum de magie qui se dégage des lieux parcourus. Fanny Poinsettia est poussée intérieurement à poursuivre son but. L’auteure du roman stigmatise l’envie et la jalousie qui apparaissent dans les relations entre les êtres.
…… Nous nous trouvons dans un de ces jardins qui à la fois séduisent et font horreur. L’extraordinaire étouffe l’ordinaire. On n’a qu’une envie : en partir et découvrir le réel qui se cache derrière les apparences. Et la liberté qui constitue le plus grand bien de l’être humain est sauvegardée. Nous étions dans un labyrinthe et nous en sommes libérés. Nous sommes en présence d’un être (l’héroïne et aussi l’auteure) qui tente de résoudre la signification de tout ce qui l’entoure, mais aussi de ce qu’elle vit. Il y a une Réalité cachée.
L’auteure a cela de particulier – grâce à un récit hors du temps et de l’espace connus- de poursuivre sa quête de tout son être. Cela produit en elle une dynamique qui lui donne la force de le faire inlassablement. Si elle s’attaque à droite et à gauche à des déviations elle obéit à une voix intérieure sans jamais prendre position pour telle ou telle option. Le lecteur découvre dans ce récit allégorique comme une force intérieure qui s’appuie sur une recherche du savoir et de la conscience. Toute option demeure possible. Nous ne sommes guidés par aucune structure dogmatique. Le seul guide est la raison et peut-être une certaine sagesse qui adhère à un ordre de l’univers. Le lecteur en tant que sujet humain ne se sent ni brusqué ni influencé. Ce qu’il découvre lui est proposé par les sens et la raison. Et une sagesse ancestrale préside à cette pérégrination.
Nous sommes sur le chemin d’une recherche purement logique où l’observation, la raison et la motivation triomphent de nos difficultés premières, cette quête est éclairée par le choix du lexique et les impératifs de la pensée réfléchie.
Nous sommes au cœur d’un roman et non pas d’un long poème comme c’est le cas dans le sixième livre de l’Enéide, où il est question aussi d’un voyage dans l’au-delà et d’une attente éclairante. L’œuvre rappelle par certains côtés la Divine Comédie de Dante. Certes, s’il y a de la poésie entre les lignes, nous ne sommes pas dans le genre littéraire qu’on désigne du nom de »poésie », mais il y a une recherche pleine de symboles.
Le parcours qu’accomplit notre héroïne Fanny poinsettia n’est point exempt d’horreurs avec l’Ogre cornu, sorti difforme du ventre de sa mère. De l’accouplement d’un chat sauvage et d’une vieille chouette naît l’Oiseau-Rat. On rencontre aussi dans cette longue marche de l’héroïne, des transmurailles comme dans les livres de cet admirable conteur qu’a été Marcel Aymé.
Notre romancière aime aussi s’amuser et se remémore le jeu de ‘Hou hou, Fantôme es-tu là ?’ Du coup elle ressuscite une enfance riche en récits fantastiques qui a été la sienne.
Pascale Lora Schyns se soucie d’un autre monde qui existerait –au conditionnel. Et elle s’interroge : ce monde-là est peut-être le monde réel et nous ne le sommes pas. Notre auteure ici, ne rejoint-elle pas les vues profondes d’un Platon sur l’existence que nous menons sur terre.
En résumé, ce roman nous présente un périple initiatique où l’angoisse est grandissante. »