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Biographie

publié dans Actualité

Pascale Lora Schyns: d’Eddy Merckx au Life Art Process

 

Née un 3 février, jour de la Saint-Blaise, la petite fille qui vit le jour en pleine nuit ne pouvait recevoir d’autre prénom que celui de Pascale. Le bébé de tout juste trois kilos né dans la Cité Ardente par un temps glacial – ce n’était que le premier des contrastes d’une vie qui venait à peine de débuter – savait à quoi s’en tenir. Il lui allait falloir penser. Tel un homme ? Un deuxième prénom, Lora, vint s’ajouter au premier, histoire de lui apporter une touche de féminité. Pascale Lora Schyns était née. Le plus dur cependant restait à faire : se lancer dans la grande aventure de la vie. Ce qui pour personne n’est une mince affaire.

 

Que fit-elle entre zéro et cinq ans? Beaucoup de choses sans doute. Comme tout le monde. Les plus importantes en fait : apprendre et jeter les bases de sa vie. Et voilà qu’apparaît le premier souvenir : El Córdobes, le magnifique torero, seul dans l’arène de Tarragona face au taureau, seul face au silence, seul face aux bravos de la foule. Le premier voyage. Elle a aujourd’hui cessé de compter les pays visités ou tout juste traversés. 

 

Il faisait chaud sous le soleil de l’Espagne. Très chaud. Le sang coulait, rouge. Très rouge. La Mort rôdait mais la vie pourtant était plus forte. Mystérieuse violence, effrayante beauté, corps à la limite de la déchirure, et l’âme qui cherche son chemin, s’arrête, s’échappe et puis revient au cœur de ce qui la fait vivre. C’est ce jour d’été de l’année 1969 que l’Art est entré dans la vie de Pascale Lora Schyns. Le sport y était entré quelques semaines plus tôt, le 20 juillet, le jour où Neil Armstrong posa peut-être le pied sur la lune, mais surtout celui où Eddy Merckx remporta son premier Tour de France.  Voilà quels sont les deux événements qui vont déterminer la vie d’une fluette petite fille blonde.

 

Aurait-t-elle voulu brûler les étapes qu’elle ne l’aurait pas pu. Il fallait d’abord aller à l’école. Plaisante occupation il est vrai. Elle adora ces longues journées passées en classe et plus encore faire ses devoirs. Dès qu’elle sut lire, elle termina toutes ses journées camouflée sous la couverture armée d’une lampe de poche pour seul éclairage – histoire d’échapper au couvre feu familial –  et de n’importe quel volume qui lui était tombé sous la main dans le salon. A sept ans elle lisait Georges Sand et posait les prémisses d’une myopie précoce.

 

Les humanités gréco-latines succédèrent à l’école primaire. Au cours de ces mêmes années, son professeur de français lui donna le goût du théâtre, celui de la poésie, et celui du célibat. Elle s’appelait Suzanne et avait des yeux bleux magnifiques, elle qui dans sa jeunesse avait peut-être connu l’acteur Gérard Philippe. Tout autre amour près celui-là lui sembla bien fade. Pascale Lora rencontra à cette époque au hasard de ses visites à la bibliothèque, de nombreux auteurs russes. A l’heure où ses compagnes de classe profitaient de leurs premières sorties en ville, elle s’enfermait dans sa chambre avec Dostoïevski et Tolstoï.

 

L’être risquait de devenir solitaire. Il fallait prendre l’air. Le souvenir d’Eddy Merckx, toujours lui, la mit sur un vélo de compétition, et tous les dimanches la famille au grand complet (Papa, Maman, mon frère, mes trois sœurs, le chien et moi) prit la direction des Flandres pour aller voir la sportive sauter sur les pavés et risquer sa vie au sprint. Les résultats n’étaient pas franchement probants et l’heure d’entrer à l’université ayant sonné, l’athlète rangea sa bicyclette dans un coin du salon – l’objet n’était plus utilisé mais il restait néanmoins beau à regarder.

 

Parce que les nombreux déplacements effectués de l’autre côté de la frontière linguistique lui avaient appris le néerlandais et que son professeur d’anglais la trouvait plutôt bonne dans la langue qu’il enseignait avec un mélange d’enthousiasme et de rigueur, Pascale Lora fut envoyée, elle qui rêvait d’entreprendre des études d’histoire ou de journalisme, vers la philologie germanique. Intéressant, mais comme elle ne tenait pas en place, elle profitait des heures de fourche pour assister en cachette aux cours d’italien et d’espagnol chez ses collègues de romane.

 

Nicoletta Cherubini, la lectrice du cours d’italien, une florentine au tempérament explosif et intriguée par la présence constante de cette ‘espionne’, l’invita à rejoindre la troupe théâtrale universitaire. Quelques mois plus tard Pascale Lora qui déjà ne perdait aucune occasion de tenter de nouvelles expériences et de goûter à tout, se retrouva sur les planches du Théâtre de la Place de Liège dans le costume somptueux de Donna Isabella. Cela lui plut et ne pouvant envisager son futur réduit à de continus allers-retours entre des salles de classe et la salle des profs, elle décida qu’il était temps de mettre les voiles.

 

Elle brûla les innombrables cahiers qu’elle avait remplis depuis l’âge de treize ans – c’est bien à cet âge-là n’est-ce pas que les jeunes filles commencent à rédiger leur journal intime? – et sa valise à la main avec l’argent de son livret d’épargne en poche, elle prit le chemin de Rome. Rome ville ouverte à tous les rêves, à tous les pièges.  Elle avait quitté une salle de classe pour une autre : celle de l’Actor’s Studio où elle approfondit ses quelques connaissances théâtrales. Elle y pratiqua aussi le chant et la danse, ce qui n’est pas une nouveauté en soi puisqu’entre six et dix ans elle avait suivi avec assiduité un cours de danse classique où lui furent enseignées des valeurs qu’elle considère aujourd’hui encore comme essentielles : discipline, abnégation, rigueur et autocontrôle. Et que l’on n’a rien sans rien et que la patience finit toujours par donner des fruits.

 

Revenons à Rome où les temps furent difficiles. Pascale Lora y apprit que tout se paie et multiplia les petits boulots afin de pouvoir payer à la fois les professeurs et son loyer. Aujourd’hui très intriguée par la cuisine expérimentale, elle créa là-bas sa première recette : les spaghettis au miel et à l’huile d’olive. Les trois uniques ingrédients que la plupart du temps elle trouvait le soir sur l’étagère du coin cuisine du studio qu’elle louait.

 

Rome ce n’était pas si mal, mais Paris, ah Paris !  Après un an ou deux tout au plus il faut changer de ville ou tout au moins de maison au risque de s’endormir. Enchaînement sur le cours Florent et rencontre avec Jean Marais, l’amant de l’homme de sa vie d’adolescente, Jean Cocteau. De cette rencontre et bien des années plus tard lorsque mourra l’acteur naîtra un livre de correspondance: Lettres à Jean Cocteau. 

 

Pascale Lora décide dans la Ville des Lumières que monter sur une scène c’est bien, mais qu’y diriger les autres dans leur jeu d’acteur c’est mieux. Les guider. Les manipuler aussi ? Sans doute. Sans aucun doute. De là à écrire la vie des autres, les placer là où elle veut sur l’échiquier de leur vie, décider de leur destin, il n’y a qu’un pas. Un jour elle sera écrivain. Avant cela pourtant elle veut continuer à accumuler expériences et images, à rencontrer les esquisses de ses futurs personnages.

 

Hollywood et le chaud soleil de la Californie ? Pourquoi pas mais sans l’indispensable green card, il lui faudra vite descendre plus vers le sud. Mexico, Mexiiiiiiico ! Et le début d’une longue histoire d’amour avec l’Amérique latine, nécessaire depuis lors à l’auteur pour y puiser son inspiration et s’y ressourcer à chaque fois que l’empêche de respirer le matérialisme européen. Au Mexique, elle retrouve les taureaux, le rouge mais aussi toute une déclinaison d’autres couleurs. Au pays où la Toussaint est jour de fête elle se rapproche de la Mort qui deviendra l’un de ses personnages préférés et que l’on retrouvera partout dans sa poésie, dans ses nouvelles et à n’en pas douter dans ses romans. Elle apprend que la mort n’a rien de triste mais que l’apprivoiser demande toute une vie. Laquelle peut-être courte. Il ne faut donc pas traîner en route. Depuis lors elle vit à 200 à l’heure de peur de ne pas avoir le temps de tout faire. Et pourtant la lenteur que prend la vie dans les romans des auteurs latino américains la fascine. Les Amours au Temps du Choléra est resté son livre de chevet préféré. S’envoler en pesanteur.

 

De retour en Europe avec dans ses valises quelques volumes en version originale de Stephen King et de Graham Masterton, elle voudrait ne plus rien faire d’autre qu’écrire. Il faut pourtant bien d’abord qu’elle pense à subvenir à ses besoins. Ses goûts en matière culinaire se sont sophistiqués.  Utilisant alors ce qu’elle a appris en cours de route (six langues rien de moins), elle se lance dans la traduction  d’abord et dans le journalisme ensuite. Le cyclisme revenant à la charge, elle deviendra  commissaire pour le compte de l’Union Cycliste Internationale avant d’y être chargée de la direction des relations internationales. Une passion n’exclut pas nécessairement l’autre.

 

Car, passionnée, elle l’est Pascale Lora Schyns ! Par tout ce qu’elle découvre, par tout ce qu’elle entreprend. Et elle n’en finit jamais de découvrir ni d’entreprendre. Après que le cancer l’ait obligée à se poser un peu et, surtout, aidée à comprendre que seuls comptent les moments de bonheur – faire toujours uniquement ce qui nous rend heureux car le temps perdu à se perdre ne revient jamais –, elle vit maintenant à travers le Monde. Elle se dédie à nouveau à l'écriture après une tournée sur les planches de plusieurs mois, en Espagne et à travers toute l'Amérique latine, où elle a mis en scène et interprété un monologue inspiré de son livre Estropeada, sur le thème de la violence faite aux femmes.

 

Aujourd'hui, elle laisse la danse la mener vers qui elle est et vers qui elle veut devenir, avec l'apprentissage du Life Art Process et du Butoh. Une tournée mondiale est en préparation pour l'année de ses soixante ans. Si l'Univers le permet. D'un Univers à l'autre (L'Harmattan), c'est d'ailleurs le dernier des quinze livres de Pascale Lora Schyns publiés à ce jour.

 

 

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M
quel bonheur de compter Pascale parmi mes meilleures amies